Vendredi 2 Février, grâce au partenariat avec la MEL (Maison des écrivains et de la littérature), plusieurs classes du lycée ont pu rencontrer le poète James Sacré.
Chaque classe a travaillé sur un des thèmes de prédilection du poète : la mort, autour d’« Une petite fille silencieuse », le rapport au lecteur, le rapport à l’écriture…
L’auteur se présente et répond d’abord aux questions des élèves, sur sa vie, son œuvre, ses techniques d’écriture…
Pour James Sacré, la poésie n’est pas réservée à des initiés : comme la peinture ou d’autres arts, elle doit pouvoir toucher tout le monde. La poésie, dont il ne sait d’ailleurs pas donner de définition, est pour lui le désir de joindre la matérialité des choses du monde (rythme, sonorités…).
La poésie est une aventure, dans laquelle on ne part pas à l’aveugle, puisque l’on peut faire référence aux poésies que l’on a déjà lues, mais pour laquelle on ne peut pas donner de » recette de fabrication » toute faite.
James Sacré aime écrire des « Livres de poèmes », pas seulement des poèmes indépendants les uns des autres. Il choisit un thème (la figure d’un animal, un pays, un voyage, un paysage, une aventure amoureuse…), autour duquel les poèmes s’agglutinent. Petit à petit, les poèmes s’ordonnent et un Ensemble naît.
A l’arrivée : parfois un gros recueil – comme « Americas Solitude » sur les moments et les espaces des Etats-Unis- ou en un recueil de quelques poèmes (« Tissus par terre et dans le vent »), qui peut être illustré.
La rencontre se continue : l’auteur échanges avec des élèves passionnés de poésie, et décide de clore la séance par une lecture de quelques poèmes chers à son cœur.
Tissus mis par terre et dans le vent de James Sacré
On l’étendait parfois dans l’herbe
Juste pour s’asseoir, y bouger, le corps
Dans la douceur du vieux couvre-lit, la prairie
Comme une chambre en plein ciel comme si
Tout le fermé du cœur se trouvait déplié.
Le vert que broutaient les vaches, on les voyait
Parcourant lentement du grand bleu.
Un vieux couvre-lit
Comme un nuage mis par terre.
Le paysage est sans légende de James Sacreé
On nomme des endroits de ce monde
L’oued Bouskoura, la rivière Vendée
Un nom de village ou celui de plusieurs choses
Une échelle un puits des noms des mots
Comme pour mieux se tenir au monde
Avec un dessin c’est pas mieux, tout s’éboule
Et pas grand-chose
Qui reste dans les mains. Quand même
On est bien.
PETITE BIOGRAPHIE
James Sacré est né en 1939.
Il passe son enfance et son adolescence à la ferme de ses parents en Vendée. D’abord instituteur puis instituteur itinérant agricole, il part, en 1965, vivre aux Etats-Unis où il poursuit des études de lettres (thèse sur la poésie de la fin du XVIe siècle français). Il y enseigne dans une université du Massachusetts (Smith Collège) tout en faisant de nombreux séjours en France et des voyages en Europe (l’Italie surtout) en Tunisie et au Maroc. En 2001, il rentre en France et réside depuis à Montpellier
*James Sacré commence à écrire dans les années 1970, en plein littéralisme.
Son premier livre s’intitule néanmoins « Cœur élégie rouge ».
*L’auteur a par ailleurs consacré sa thèse de doctorat au Sang dans la poésie maniériste. C’est donc d’emblée une poésie charnelle qui s’écrit, associant étroitement le cœur qui aime et celui qui bat, le cœur qui saigne et celui qui nous fait vivre de sa régulière pulsation.
*James Sacré est très attaché au paysage, et à la géographie. De nombreux textes sont consacrés au terroir de l’enfance. Les motifs centraux en sont la maison, la ferme, le jardin et le village.
*La mémoire joue un rôle important : tout un travail de remémoration est à l’œuvre afin de rendre le passé aussi vivant que le présent et de les fondre l’un dans l’autre.
*Les voyages sont l’occasion de repenser l’identité, l’altérité et la relation amicale ou amoureuse. La passion de l’auteur pour le Maghreb, donnant lieu à de nombreux voyages, donne aussi naissance à de nombreux livres. La poésie est alors animée par un désir d’ouverture et de chaleur, de coprésence heureuse avec l’autre. Elle cherche une manière heureuse d’être ensemble, qui laisse s’écouler le temps avec douceur.
Source : https://www.babelio.com/auteur/James-Sacre/49544
Derniers livres publiés
- En tirant sur les mots, La Fermeté, Editions Potentille, 2010.
- Peliqueiro levantando os brazos. Amasta-N-Gallar (un fragment de lettre traduit en galicien par Emilio Araúxo, et une photo d’un peliqueiro).
- America solitudes. Marseille, André. Dimanche éditeur, 2010.
- Où vas-tu dans la forêt? Odile Fix,
- Mobile de camions couleurs pour le noir et blanc de plusieurs photographies de Michel Butor. Editions Virgile.
- Mouvementé de mots et de couleurs. Editions Le Temps qu’il fait, avec des photographies de Lorand Gaspar, 2003.
- Les mots longtemps, qu’est-ce que le poème attend ?
Editions Tarabuste, 2003 - Une petite fille silencieuse. Editions André Dimanche, 2001
- Cœur élégie rouge. Réédition, André Dimanche, 2001
- Ecrire à côté. Editions Tarabuste, 2000
- Si peu de terre, tout. Editions Le Dé Bleu, 2000
- Monsieur l’évêque avec ou sans mitre. Editions Le Dé Bleu, 2002